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Le 3 décembre 2020, le radiodiffuseur public national canadien de radio et de télévision Radio-Canada/CBC a annoncé «une transformation majeure» de Radio Canada International (RCI) intitulée « Radio Canada International se modernise pour le XXIE siècle ». Et si vous ne saviez rien de la relation toxique entre les deux, vous penseriez vraiment que c’était une excellente nouvelle.
Après toutes les réductions budgétaires que le radiodiffuseur national a imposé à RCI (par exemple une réduction de 80% en 2012), l’actualité est cette fois « plus de langues », « plus de visibilité » et « une offre éditoriale bonifiée ».
Jetons un coup d’œil à ces “améliorations” une à la fois.
Comment Radio-Canada/CBC a-t-elle décidé de donner «plus de visibilité» au contenu Internet de RCI? Ils vont l’enfouir dans les sites Web de CBC et Radio-Canada et ne pas permettre à RCI de continuer sur un site qui existe depuis 1996.
Dans cette même annonce, Radio-Canada/CBC déclare ajouter des sections complètes en pendjabi et en tagalog aux services existants en anglais, français, espagnol, arabe et chinois. En fait, elle ajoute un journaliste «sur le terrain» pour travailler en punjabi, et un en tagalog – pas des sections entières.
En ce qui concerne les services espagnol, arabe et chinois qui comptent chacun trois animateur-réalisateurs chevronnés et expérimentés offrant un contenu adapté à leurs publics cibles à l’extérieur du Canada, il n’en restera qu’un seul, les deux autres seront licenciés. Qui restera est un «journaliste» (anciennement animateur-réalisateur) par langue, qui sera obligé de traduire les textes des sites Web de CBC et de Radio-Canada.*
Et maintenant nous arrivons aux sections qui travaillent dans les langues officielles du Canada, soit le français et l’anglais. Encore une fois, chacun de ces services compte trois présentateurs réalisateurs chevronnés et expérimentés qui offrent un contenu adapté à un public international qui a besoin d’explications que le service national n’est pas obligé de faire. Alors, que sera obligée de faire la Voix du Canada dans cette «transformation majeure»? Renvoyez les six réalisateurs et ayez un rédacteur, un à Radio-Canada et à CBC, choisissez des histoires et placez-les sur le «site Web de RCI», qui n’est qu’une section des sites Web de Radio-Canada et de CBC. Oui, ce qui donnent à RCI «plus de visibilité».
L’annonce de Radio-Canada/CBC parle avec éloge de la façon dont RCI a fourni une perspective canadienne sur les affaires mondiales, mais dérive ensuite pour parler de «se connecter avec les nouveaux arrivants dans notre pays», s’engager « avec son public cible et en particulier les nouveaux arrivants», et rendre ce nouveau contenu « disponibles gratuitement aux médias multilingues intéressés». On dirait que CBC / Radio-Canada est déterminée à desservir les communautés ethniques du Canada.
Mais il y a un problème. Ce n’est pas le mandat de RCI. Et Radio-Canada/CBC n’a pas le droit de modifier ce mandat. Parce que la Loi canadienne sur la radiodiffusion, le paragraphe 46 (2), impose une condition dans le cadre des exigences de licence du radiodiffuseur public national pour fournir un service international « et ce conformément aux instructions que le gouverneur en conseil peut donner.».
Et le dernier décret du Son Excellence le Gouverneur général en conseil, numéro CP: 2012-0775, affirme que Radio Canada International doit « produire et distribuer une programmation conçue pour des auditoires étrangers en vue de mieux connaître le Canada, ses valeurs et sa vie sociale, économique et culturelle »
Cette dernière annonce de Radio-Canada/CBC n’est malheureusement qu’une autre parmi une série d’actions au cours des 30 dernières années pour éliminer la Voix du Canada. Après avoir échoué à fermer le service en 1990, 1995 et 1996 lorsque la pression des auditeurs du monde entier, des députés et des sénateurs canadiens a mis fin à la fermeture, le radiodiffuseur national s’est mis à démanteler RCI une section après l’autre, une ressource après l’autre en une mort par mille coupures.
Cet assaut contre RCI a vraiment commencé en 1990 lorsque la Voix du Canada était un service international très populaire et respecté de 200 employés, diffusant dans 14 langues entendues dans le monde entier. La réduction de 1990 a supprimé la moitié des employés et la moitié des sections linguistiques. Au fil des ans, sous prétexte de rationaliser et d’améliorer le service, c’est une compression après l’autre. Avec l’annonce de cette année, RCI comptera neuf employés au total!
Insatisfaite de la réduction des ressources, Radio-Canada/CBC s’est aussi constamment efforcée de saper le rôle international de RCI.
Lorsqu’en 2003 un comité parlementaire canadien s’est mis d’accord avec le Comité d’action de RCI, en soulignant le rôle international important de RCI et en suggérant que davantage de ressources devraient être accordées à RCI, Radio-Canada/CBC a répondu en supprimant deux de ses politiques d’entreprise clés qui soulignaient spécifiquement la nécessité de produire des émissions pour un public international, encore une fois, malgré une obligation en vertu de la loi sur la radiodiffusion.
Les réductions de ressources et la limitation ou la diminution de la portée de RCI ont culminé en 2012 lorsque Radio-Canada/CBC a annoncé qu’elle retirait RCI des émissions de radio en ondes courtes qui étaient le principal moyen de communication avec le monde depuis 1945.
Cette décision a délibérément ignoré le décret de 2003 qui obligeait expressément Radio-Canada/CBC, dans le cadre de sa licence, à diffuser RCI sur ondes courtes. Deux mois après que les protestations du Comité d’action de RCI aient souligné l’illégalité de cette décision, le ministre du Patrimoine canadien de l’époque a modifié le décret, éliminant les ondes courtes des obligations de RCI.
Toute cette triste histoire souligne un problème majeur auquel Radio Canada International est confronté: Un radiodiffuseur national est en train de décider si le Canada devrait ou non avoir une voix internationale dans le monde et dans quelle mesure il devrait être financé.
Il est toutefois très clair que la décision de savoir si le Canada devrait avoir une voix sur le monde et dans quelle mesure elle devrait être financée devrait être une décision prise par le Parlement.
En attendant, le ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault devrait dire à Radio-Canada/CBC qu’elle n’est pas autorisée à faire ce dernier changement de politique. Ensuite, il devrait geler tout changement au service jusqu’à ce qu’il y ait un renouvellement sérieux de La Voix du Canada, qui lui donnera une protection financière et politique contre une relation toxique avec le radiodiffuseur national.
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Corrrection: “En ce qui concerne les services espagnols, arabes et chinois, qui comptent chacun trois présentateurs-réalisateurs chevronnés et expérimentés offrant un contenu adapté à leurs publics cibles à l’extérieur du Canada, eh bien, ils sont tous renvoyés. Il ne restera qu’un «journaliste» par langue, qui sera obligé de traduire les textes qui leur seront remis en français et en anglais.”
Maintenant corrigé à: “En ce qui concerne les services espagnol, arabe et chinois qui comptent chacun trois animateur-réalisateurs chevronnés et expérimentés offrant un contenu adapté à leurs publics cibles à l’extérieur du Canada, il n’en restera qu’un seul, les deux autres seront licenciés. ** Qui restera est un «journaliste »(anciennement animateur-réalisateur) par langue, qui sera obligé de traduire les textes des sites Web de CBC et de Radio-Canada.” Correction 2021-03-30
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